Cinq jours après son élection comme Préposé Général de la Compagnie, le père Arturo Sosa s’est vite mis au travail. Les échanges de ces jours se concentrent sur des questions pratiques comme le système de gouvernement, la mission jésuite dans le monde d’aujourd’hui, un monde fauché par les injustices sociales, mais habité par l’Évangile de vie. Comment devenir porteur de la joie de l’Évangile?
Pour le nouveau supérieur général, l’heure est venue pour la Compagnie de ne pas se refermer sur elle-même ou sur ses acquis historiques mais d’aider l’humanité dans sa recherche de justice, de paix et d’unité. C’est ce qui ressort de son homélie à la messe d’action de grâce, célébrée dans l’église du Gesù, le samedi 15 octobre 2016. J’ai été interpellé par l’invitation à « contribuer à ce qui semble aujourd’hui impossible : une Humanité réconciliée dans la justice, qui vive en paix en une maison commune dont on prend soin, où il y a place pour tout le monde parce que nous nous reconnaissons frères et sœurs, fils et filles d’un même et unique Père ». Cette phrase-clef laisse profiler la tonalité du généralat du père Arturo. Cette célébration a été, pour moi, un lieu de dévoilement de son « être apostolique », des horizons qu’il ouvre pour la Compagnie.
À la suite du pape François, le jésuite vénézuélien voudrait entraîner la Compagnie de Jésus dans la dynamique de l’Incarnation pour « devenir semblables aux êtres humains qui souffrent les conséquences de l’injustice ». Une telle orientation cadre bien avec la mission de l’Église en Afrique, où les terres et les ressources naturelles ne sont plus au service de l’édification d’une société juste, mais sont accaparées par les « puissances de l’exploitation ».
Dans cette perspective, la mission jésuite n’est-elle pas d’éclairer ces situations par la lumière du Ressuscité ? Elle consiste à surmonter l’inégalité et l’oppression en vue de rendre la dignité aux exclus de notre planète. Elle exige la collaboration avec les autres, à l’intérieur tout comme à l’extérieur de l’Église.
Mais la vraie boussole dans ce service complexe de l’humanité, selon le Père Général, c’est la foi au Christ. Si notre foi, a-t-il dit, est semblable à celle de Marie, notre audace peut aller encore plus loin et chercher non seulement l’improbable mais même l’impossible, car rien n’est impossible à Dieu. Le travail continue.
Hyacinthe LOUA, SJ