Dans mon voisinage au Canada, nous ne voyons pas souvent un pape. Aussi, ce fut avec un enthousiasme d’enfant que j’ai rejoint mes frères jésuites venant du monde entier pour attendre l’arrivée du pape François et son discours à la 36e Congrégation générale de la Compagnie de Jésus. Que va-t-il nous dire ? Va-t-il nous demander quelque chose de spécial ? Certains d’entre nous sont peut-être à la recherche d’un porte-manteau sur lequel accrocher nos chapeaux apostoliques. D’autres attendent peut-être une approbation papale aux options qu’ils ont prises.
François nous a donné ce que nous attendions le moins, mais ce dont nous avions probablement le plus besoin. Il nous a ramenés à la Formula de notre Institut, à l’inspiration fondamentale de saint Ignace et ses compagnons. En faisant cela, il a montré un grand respect pour la Compagnie. Une attention apostolique concrète aurait été facile à nous proposer. Mais, cela aurait été plutôt paternaliste, et aurait manifesté, en fin de compte, un manque d’espérance dans la Compagnie de Jésus et la famille ignatienne mondiale.
François nous a enracinés dans notre manière de procéder qui exprime pour nous la meilleure voie par laquelle le plus grand bien est accompli. Concrètement, François caractérise cette manière de procéder en soulignant la joie et la consolation, la croix du Christ, et le service de l’Église notre Mère.
La joie humaine est un thème central pour François – la joie de la famille, la joie de la création, la joie de l’Évangile. Il nous a invités à rechercher activement et sans cesse la joie de la consolation dans nos décisions. La joie devient alors le critère de l’action. Dans la désolation, nous attendons, tout en cherchant activement la joie de la consolation avant de nous lancer dans l’action. Dans la consolation, nous agissons avec confiance et fermeté.
Notre joie est mystérieusement enracinée dans la Croix du Christ. Touche mes blessures, dit Jésus à Thomas. Mets ta main dans mes blessures et tu croiras. Ce n’est qu’en touchant les plaies du Christ que Thomas fait sa grande profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il ne nous est pas demandé moins. Porte ton regard dans nos propres blessures et observe comment Dieu a été si miséricordieux envers nous. Seulement alors serons nous en mesure d’écouter avec compassion le cri des pauvres et le cri de la terre, le corps brisé et crucifié du Christ.
Nous faisons tout cela, comme corps du Christ, comme communauté, comme Église. Discerner ce qu’il faut faire dans une Église qui est à la fois pécheresse et sainte, libre et brisée, est notre appel en tant que serviteurs de l’Église de Dieu. Cela exige de nous la plus grande liberté spirituelle, une liberté qui écoute et donne de l’espoir.
Je suis très reconnaissant pour les défis lancés par le pape François à la Compagnie de Jésus. Aucune mission concrète et évidente n’est venue de la bouche du Saint-Père. Nous n’avons reçu aucune tâche spécifique pour laquelle un plan apostolique pourrait être développé dans les années à venir. Il est pourtant bien évident que nous avons reçu une mission, et plutôt difficile.
par John McCarthy, SJ (CDA)