Dépaysé, je le suis !
En décalage, le cerveau dans la brume, quelques jours après mon arrivée à Rome, j’écris un blogue pour la première fois de ma vie. J’ose vous partager mes premières impressions de cette aventure, la première pour moi, d’une Congrégation Générale, la 36e depuis la fondation des jésuites.
Il y a quelques jours, je me retrouvais paisiblement chez moi, à la Villa St Martin, un lieu de retraite spirituelle située sur l’île de Montréal au Canada ; aujourd’hui je suis entouré de 215 jésuites du monde entier au cœur de la ville mouvementée de Rome dans l’impressionnante maison générale des jésuites sur la rue Borgo S. Spirito, à quelques pas du Vatican. Habitué aux villes bien quadrillées d’Amérique du Nord, je me suis vite perdu dans les labyrinthes des rues romaines. Je ne connais pas ces 215 jésuites, de cultures et de langues si différentes, avec qui je travaillerai pendant les prochains mois pour choisir le nouveau général des jésuites et pour réfléchir sur notre mission et notre vie ensemble dans le monde d’aujourd’hui. Et les questions fusent et me déstabilisent : que fais-je ici ? Comment allons-nous nous entendre ? Qu’allons-nous faire ? Serai-je à la hauteur ?
Dépaysé, je le suis, et pourtant, je me sens chez moi ! Se retrouver entre jésuites, c’est se retrouver en famille avec des compagnons qui osent encore aujourd’hui donner leur vie pour suivre le Christ en plein cœur du monde. Dimanche, à la messe d’ouverture de la Congrégation j’ai été touché par la pensée que je faisais partie de cette grande famille des jésuites et que nous étions ensemble grâce à notre expérience commune d’avoir rencontré un jour le Christ dans notre vie. J’ai senti cette force qui nous vient du fait d’être un corps universel, et d’avoir la possibilité de faire une différence dans plusieurs régions du monde. Le père Dominicain qui présidait l’Eucharistie nous rappelait l’essentiel de ce qui nous mettait en route, notre foi, et l’humilité d’être de simples serviteurs qui demandent au Seigneur, comme les Apôtres, « Augmente en nous la foi ! » (Luc17, 5). J’ai compris que la foi pour les jésuites, aujourd’hui, c’est d’avoir l’audace même de Dieu qui fait advenir l’improbable. Bref, « L’audace de l’improbable » signifie avoir l’audace de collaborer à une action de Dieu qui met la vie là où la vie semble improbable.
Lundi matin, le 3 octobre, les jésuites réunis à la Congrégation ont accepté la démission du Père Général. Ce fut une forte rencontre où l’amitié dans le Seigneur devenait palpable. La rencontre avec le P. Général a été une rencontre avec un frère. J’ai été touché par sa grande simplicité et son authenticité. On pouvait sentir combien il était chez lui parmi ses frères.
Tout cela pour vous dire : dépaysé, je me sens chez moi !
Au prochain blogue.