Au cours de la troisième semaine de la CG, j’ai fait l’expérience de la désolation par laquelle on peut passer lors des assises de ce genre. Et le lundi 24 octobre, c’est le Vicaire du Christ lui-même qui est venu nous rappeler un important principe ignatien en temps de désolation : il est très profitable de se changer vigoureusement soi-même face à cette désolation (E.S. 321). Le pape a fait un lien entre la consolation et la joie : La joie n’est pas un ‘plus’ décoratif, c’est un indice clair de la grâce : elle indique que l’amour est actif, opérant, présent. Et il a conclu : Le jésuite est un serviteur de la joie de l’Évangile.
C’est donc sous cette note heureuse que j’ai commencé la quatrième semaine de la CG. Pour la petite histoire, deux jours avant le passage du Saint Père, nous avons eu une séance de répétition pour la pose-photo avec lui. Et l’on nous demandait de sourire… Certains disaient que le sourire ne venait pas de soi. J’ai répliqué à ceux qui étaient près de moi : ne vous en faites pas, quand le Saint Père viendra, vous vous surprendrez en train de sourire, sans devoir vous forcer… Oui, ce pape a une joie contagieuse ; il transmet aussi une paix profonde ; on se sent heureux en sa compagnie. Il exprime vraiment tout ce qu’il dit à propos de la joie et de la consolation, par exemple, « une bonne nouvelle ne peut pas être transmise avec un visage triste ».
Le moment fort pour moi fut lorsque j’eus l’occasion de lui poser une question en rappelant ses initiatives courageuses notamment la veillée de prière pour la Syrie, son voyage à Bangui et ses propos au sujet des massacres à Beni-Butembo, en République démocratique du Congo. Il y a répondu en me fixant dans les yeux, et il a mentionné le Congo. Ses yeux brillaient, et les rayons qui en émanaient ont percé mes yeux qui ont vu les images de tant de souffrance au Congo, et pour résultat je les surpris en train de larmoyer. Soit, revenons à la réalité !
La quatrième semaine n’a pas été facile pour les Congregati. Certaines journées se terminaient presque en queue de poisson… on a parfois eu l’impression de tourner en rond sans tellement avancer. Mais les personnes avisées nous rassurent que tout ira pour le mieux. J’aime beaucoup ce proverbe qui m’a fort parlé lorsque j’entrais chez les Jésuites : Dieu ne nous promet pas une traversée facile, mail il nous assure une arrivée à bon port ! Eh oui, sans oublier de demander instamment la consolation, dirait François !
Le samedi soir nous avons été prier à/avec la communauté Sant’Egidio qui a organisé un bel accueil pour nous. Le fondateur, Andrea Riccardi, a eu des mots très sympathiques à l’égard du nouveau Général et de toute la Compagnie. J’ai été heureux de voir de mes yeux comment la grâce du baptême peut avoir un si grand impact dans la vie des laïcs, pour le bien de toute l’Église. Et je me suis rappelé une autre mise en garde du Pape, celle contre le cléricalisme : Le service du bon esprit et du discernement fait de nous des hommes d’Église –pas des cléricalistes, mais des ecclésiaux-, des hommes « pour les autres », sans biens propres qui nous isolent, mais qu’ils soient mis au service et pour la communion de tous. La visite à Sant’Egidio fut une source de grande consolation.